Lettre du Médecin Général Candiotti

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Vichy le 6 Février 1943

Mon cher ami, Lettre du Med.
Gal Candiotti
Directeur central
du S. de S
(Annotation du Dr. Hesnard)

Par toutes les voies et par tous les moyens j'ai essayé de vous faire tenir de nos nouvelles. Je ne sais si vous avez réussi à les capturer - Les dernières vous ont été apportées par notre jeune ingénieur.- Mais a-t-il bien retenu et bien transmis tout ce que je lui ai dit au cours d'une conversation où il était question de sujets qui lui étaient étrangers?

L'occasion du Sphynx se présente. Je la saisis- Vous recevrez une note que j'ai signée. Elle répond à votre rapport du 22 Janvier. Elle est la traduction fidèle et littérale des sentiments qu'en haut lieu on professe.

Maintenez! Maintenez jusqu'au bout! De cave en cave repliez-vous mais ne quittez pas les lieux. Lorient nous donne en ce moment, dans l'incendie et sous les bombes, un tel exemple de ténacité et d'héroïsme professionnels.

Il n'est que d'endurer pour durer!

Soyez rassuré sur le sort de notre coprs. Le plan que j'avais établi dès août 1940 se développe normalement. J'ai réussi à faire admettre que votre rôle social vous plaçait en dehors de la règle générale. Personne n'est démobilisé tant parmi les médecins que parmi les infirmiers.

Les places sont prévues pour les uns et les autres - nul ne vous oublie et il n'est pas correct de dire que les absents pourraient bien avoir tort.

Ne songez pas à réduire votre personnel. Il peut vous être utile, il vous sera utile certainement pour les soins à donner à la population civile. J'ai sous les yeux l'exemple de Lorient que je vous citais plus haut, de Lorient où demeurent seuls nos camarades.

N'essayez pas de nous renvoyer votre matériel. Vous en aurez besoin et d'autre part s'il nous parvenait nous n'en aurions plus la libre disposition. Diminuez donc les risques et utilisez-le sur place.

Nous vivons des heures fort douloureuses - mais nous ne désespérons pas de l'avenir. Chez moi, où vous savez, les vieux en pleurant se voilent la face…

Tenez-bon, mon cher ami, vous rendrez service au pays d'abord, à notre corps ensuite. Tenez bon jusqu'au dernier granulé, jusqu'à la dernière cartouche de pansement. Tenez bon jusqu'au dernier malade, jusqu'au dernier blessé. Et si, un jour, vous devez partir que ce soit le dernier et non sans vous être assuré qu'il ne reste plus personne derrière vous qui pourrait avoir besoin des secours de votre main tendue.

Je sais que j'exige beaucoup de nos camarades, mais je ne leur demande pas plus que ce que j'estime être leur devoir.

Aussi bien me parait-il superflu d'insister car vous m'avez depuis longtemps entendu et compris. Et je vous connais.

Je souhaite simplement que l'état d'âme de vos subordonnés réponde au vôtre, ce dont je ne puis douter car il suffit pour cela de communier ensemble avec les premières espèces: pro charitate et patria

affectueuse accolade

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Version : 21.07.2005 - Contents : Martine Bernard-Hesnard

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