Lettre de ???

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    Paris - le 15 Décembre 1951
44 rue de Dunkerque

  Monsieur le Médecin Général

Mon éditeur ayant depuis un an cessé d'exister, votre lettre adressée à ses bons soins a mis quelque temps à me parvenir. Le témoignage que j'y trouve m'est précieux; il rejoint ceux qui me sont venus de beaucoup d'officiers généraux que nos patriotes nouveau style ont fait fait monter dans les charrettes dans des conditions tellement odieuses que la postérité se demandera comme une pareille chose a été possible et comment un officier de carrière a pu y prêter la main. Je vous remercie, monsieur le Médecin Général, d'avoir voulu me dire en termes si obligeants, l'intérêt que vous avez pris à me lire. Comme vous le supposez bien, la faillite de la Couronne Littéraire a stoppé net la diffusion de ces pages récemment. Mon but n'a donc été atteint qu'à demi et je n'ai réussi encore qu'à prêcher des convaincus, sans pouvoir atteindre le public.

Je suis heureux de savoir que vous allez vous-même ajouter à la fresque en évoquant la figure de l'Amiral Derrien. J'ai su récemment que Jean Cras traitait l'affaire de Casablanca. Ainsi, peu à peu, se trouve davantage satisfait le voeu de l'Amiral Decoux qui me disait: l'intérêt est que les choses soient écrites noir sur blanc alors que les auteurs et les témoins sont encore là pour le faire objectivement.

En ce qui est de l'attitude à prendre vis-à-vis de la Rue Royale, il est délicat de formuler un avis car il n'y a pas deux cas pareils. Mon manuscrit fut il y a 3 ans communiqué officieusement - non pas par moi mais par personne interposée - au Cabinet du Ministre. Je fus informé qu'il était exclu que je puisse faire état de mon grade en signant une telle prose. Deux ans passèrent à trouver un éditeur; le premier "Les Deux Sirènes" voulait m'imposer des modifications auxquelles je ne pouvais consentir. Après lui, Flammarion et Berger Lecrouet se dérobaient l'un après l'autre non sans y mettre des formes. André Bonne, courtois, gardait le manuscrit tout un hiver et déclarait forfait lors du procès qui le mettait aux prises, à propos de l'ouvrage de Tracou avec de Lattre et la famille Leclerc. C'est alors que je parvins à me faire agréer de la Couronne Littéraire, malheureusement fort mal en point. Cette fois, j'écrivis officieusement à la Marine en me référant à la communication qu'elle avait eu antérieurement du manuscrit. Il me fut répondu dans les termes que vous trouverez ci-joint.

L'Amiral de Lafond - à qui je transmettrai votre souvenir - estime qu'on peut aujourd'hui tout dire - c'est mon sentiment - Toutefois, la Résistance veille; certains de ses leaders sont au gouvernement et il peut y avoir certains inconvénients à mettre en cause les personnes. De ce point de vue, votre sujet est plus délicat que n'était le mien. Pourtant, Decoux a exécuté le Carme sans demander à quiconque l' autorisation de procéder à cette oeuvre de salubrité.

Vous pourriez faire comme moi - annoncer vos intentions en demandant à signer votre ouvrage en excipant de vos qualités. Vous verrez la réaction.

Je vous remercie encore, monsieur le Médecin Général, de vos aimables lignes et vous prie de croire à mes sentiments respectueux et dévoués.

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P.S. Je me souviens à l'instant que ma lettre de la Marine est restée chez l'Editeur. En substance, elle disait ceci:

Mettez votre grade, non votre qualité d'ancien chef du FMF3. Et nous comptons que vous ne faites pas usage d'archives secrètes.

 

 

Version : 18.12.2005 - Contents : Martine Bernard-Hesnard

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