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Mon bon vieux,
Je t'envoie ci joint une photo publiée par le Temps, de ce
soir. Tu pourras la remettre au patron.
Ici, ça ne s'arrange pas! L'atmosphère est pesante,
il y a un manteau de plomb sur Berlin.
La conférence de Londres a réduit à néant
l'enthousiasme provoqué par l'entrevue de Paris. L'opposition s'agite et Brünning aura fort à faire
en rentrant. Car, même si l'on accorde à l'Allemagne un ?? des crédits et même des crédits à court
terme, il faudra recommencer dans quelques mois et c'est, à ce moment là, que les effets de la
tourmente de ces derniers quinze jours se feront sentir. Pour le moment, il y a une routine
intérieurere ???, mais quand elle recommencera à |
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fonctionner, gare la casse! C'est en octobre que la "Pleite" se fera sentir. Les
prévisions budgétaires sont réduites à néant; la "Wirtschaft" aura besoin d'argent et vendra à vil
prix ses stocks. On hurlera au "dumping", on jettera sur le pavé des ouvriers. D'où chômage, d'où
charges sociales nouvelles - Comment établir un budget? C'est une belle pétaudière! Même si l'on
remet l'Allemagne dans la situation où elle se trouvait il y a trois mois, on ne fera pas
disparaître les effets de la dernière tempête. Pour en réparer les dégâts, il faut des mois! La
"Wirtschaft" est endettée jusqu'au cou et il faudra qu'elle paie des intérêts pour les emprunts
étrangers, des impôts ouvriers, des réparations. C'est économiquement impossible. Dis à tes amis
que l'on considère ici le plan Young comme enterré et que jamais on ne reprendra le service des
Réparations.
Il faut s'habituer dès maintenant à cette idée - Voilà la situation. C'est peu
récomfortant, mais nous n'y changerons rien; Il ne s'agit de rechercher les fautes commises, il
s'agit pour nous de voir les faits tels qu'ils sont.
Je t'attends ici après la conférence de
Londres; je crois que ta personne est nécessaire à Berlin.
A bientôt, mon bon vieux et de
tout coeur à toi.
Oswald |