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Si le Sénat suit l'exemple de la Chambre, et se décide à approuver les décrets-lois, nous allons, comme disent en leur jargon les parlementaires, entrer résolument dans l'ère des économies. Entendrons-nous reparler de cette hécatombe de soixante ou soixante-dix consuls dont il était question, sous les voûtes du Quai d'Orsay, il y a une quinzaine de jours ? Sous prétexte de réaliser des économies en grande partie illusoires, puisque les recettes des consulats seront supprimées en même temps que leurs dépenses, allons-nous vraiment, dans un poste consulaire sur deux, laisser le champ libre aux agents des autres nations? | |
| Peut-être la Commission des affaires extérieures pourrait-elle, à ce sujet, obtenir du gouvernement des déclarations rassurantes; mais elle fera bien de prendre ses précautions et de dégager sa responsabilité avant qu'il soit trop tard. Nos services consulaires ne sont pas les seuls menacés. Les Spartiates du Quai d'Orsay ont conçu, paraît-il, des desseins plus vastes. Ils songent à couper les vivres à tous les services officieux d'information et de propagande qui fonctionnent depuis la guerre dans les capitales étrangères, en liaison avec nos ambassades. |
Il est question de détruire, en particulier, le "Bureau d'études économiques et sociales" créé à Berlin par le professeur Emile Haguenin. J'ai parlé ici, trop brièvement de l'oeuvre admirable de ce défenseur aussi modeste qu'éminent des intérêts français en Allemagne. Il vient de mourir à la tâche: perte doublement irréparable, si son oeuvre devait, faute de crédit, mourir avec lui.
Quand il avait pris, il y a deux ans, la direction de la délégation permanente de la C.D.R., il avait laissé en bonnes mains ce "Bureau d'études" qui a rendu tant de services, et auquel il n'avait jamais cessé de s'intéresser. M. Haguenin avait été remplacé par deux de ses collaborateurs les plus compétents et les plus dévoués: le professeur Hesnard et Marcel Berthelot. Ils ont consacré les meilleures années de leur jeunesse à une enquête permanente sur l'Allemagne qu'ils mettent au point chaque semaine en se maintenant en contact avec les principales personnalités du Reich. On conçoit l'utilité d'un instrument aussi perfectionné d'information et de travail. Pendant les dix mois de la résistance passive, les fonctionnaires de notre ambassade étaient isolés à Berlin; mais le "Bureau d'études" n'a pas cessé un instant de causer avec les Allemands et d'assurer les communications indispensables.
C'est ce précieux service qui serait, m'assure-t-on, déjà sacrifié. Les crédits seraient supprimés, malgré les prières instantes de notre ambassadeur. On ne laisserait à Berlin qu'un fonctionnaire subalterne, qui se bornerait à gérer les archives. Ainsi triompherait la méthode de l'abstention et de l'absence; c'est, paraît-il, la nouvelle école en diplomatie.
Un jour Gribouille rencontra un pauvre homme amputé d'une jambe. "Il a de la chance," s'écria Gribouille "il peut faire l'économie d'un soulier."
Version : 09.12.2004 - Contents : Marzina Bernez-Hesnard
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