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CONGRES des CAP-HORNIERS à NANTES
le dimanche 1er Juillet 1951

 

 

../nantesvoiles/CNCO_p.gif Mesdames, Messieurs,

La Cie NANTAISE des CHARGEURS de l'OUEST a le plaisir de vous recevoir aujourd'hui. Elle est, comme beaucoup d'entre vous s'en souviennent, le prolongement de la Sté Anonyme des VOILIERS NANTAIS, Société qui a été fondée le 30 Juin 1894.
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Permettez-nous de vous adresser nos souhaits de bienvenue. Nous associons dans cette pensée, avec les anciens de notre Société que nous sommes heureux de retrouver parmi vous, tous les Officiers et Marins Long-Courriers, sans distinction de grade, qui, tous, ont été à la peine et à l'honneur; nous sommes aussi très heureux de saluer les représentants des Compagnies étrangères, venus nous apporter un gage de bonne amitié et de solidarité; au reste, nous avons tous les jours parmi nos marins, sans égard au pavillon, des exemples de cette fraternité.

Si les grands voiliers ont pratiquement disparus depuis 1920, vous avez voulu en conserver le souvenir, ce dont nous nous réjouissons.

La présence, dans le port de Nantes, du navire-école "MERCATOR" est aussi une marque d'amitié; personnellement, nous en sommes très touchés et nous en remercions la Marine Marchande belge.

Messieurs, vous avez eu raison de choisir NANTES comme lieu de votre réunion. N'est-il pas sorti des Ports le la Loire 140 "Trois" ou "Quatre Mâts" que nous avons admirés tout au long du quai de la Fosse où ils venaient compléter leur armement avant d'affronter le grand large? Cette époque doit, sans aucun doute, vous rappeler combien de souvenirs! ../nantesvoiles/fpBER0036.jpg

En quelques mots, nous nous permettrons de vous retracer l'existence de la S.A. des VOILIERS NANTAIS entre 1895 et 1920. Notre société a, durant ces 25 années, été présidée par Monsieur Eugène PERGELINE, grand Armateur. Il était, également, Président du Groupement français à l'INTERNATIONAL SAILING SHIPSOWNERS UNION.

Notre société a exploité, durant cette période, jusqu'à 15 et 16 "Trois Mâts", barques ou carrés, qui ont assuré des voyages de circumnavigation sur le trafic du moment, à savoir: les blés d'Australie ou du Nord-Pacifique; les nitrates du Chili, les minerais de nickel de Calédonie, les charbons du Royaume-Uni, le pétrole en caisses au départ de New-York, ou de Philadelphie, vers les mers de Chine, et bien entendu, toutes autres marchandises générales.

Au cours de son existence, la S.A.V.N. a, malheureusement, eu à enregistrer quelques sinistres; la Mer d'Irlande n'a pas été favorable pour son pavillon. L'"AMIRAL COURBET", le "SURCOUF" et le "MARECHAL DE NOAILLES" s'y sont perdus par échouement; l'"EUGENE PERGELINE" et le "GUERVEUR" par torpillage. Quant au "ROCHAMBEAU", il s'est brisé sur un banc de corail en Nouvelle-Calédonie tandis que le "VERCINGETORIX" était capturé par les Allemands à Anvers en 1914.

De tous ces accidents, les équipages sont rentrés sains et saufs.

Malheureusement, une ombre est venue assombrir le pavillon de cette Société. Nous voulons parler du "LAMORICIERE" qui, parti de Nouvelle-Calédonie en Novembre 1904 à destination de GLASGOW, n'a jamais donné de ses nouvelles.Son commandement avait été confié au Commandant Ange TREONDART, de Séné, excellent marin à tous égards.

Nous saluons sa mémoire, et nous adressons à tous nos disparus un souvenir ému.

Dans vos grans voyages, nous vous avons toujours suivis, nous avons partagé vos inquiétudes, connaissant toutes les difficultés de votre métier. Vous nous avez remplis d'admiration, ce que nous tenons particulièrement à souligner.

Nous voulons aussi associer les mères et les épouses qui, souvent privées de nouvelles - les courriers étant bien rares - ont eu à assurer pendant vos longues absences toute la responsabilité de la marche de leur maison et de l'éducation de vos enfants.

La question commerciale avec les Voiliers était pleine d'attraits; elle apprenait à connaitre les différents courants économiques à travers l'univers; nous pouvons dire qu'elle était passionnante, beaucoup plus attrayante que l'exploitation des cargos, toujours plus rapides, où l'on a vraiment l'impression de diriger une station de taxis.

Les parages du Cap Horn ayant été déserté par vos grands voiliers, les albatros, pétrels, mélamoka, etc. doivent trouver l'horizon bien vide autour des rochers de Diégo-Ramirez.

Si, toutefois, il est permis d'exprimer un voeu, nous voudrions revoir quelques grands voiliers équipés en training-ship, ce serait encore la meilleure école pour notre future Marine. Nous croyons que, dans cette idée, nous serons devancés par les Allemands qui arment actuellement des anciens "Quatre Mâts" : "PAMIR", "PESSAT"et "POMMERN" de la Compagnie des "P"). Une société pense même à la construction d'un Voilier de 8.000 tonnes qui sera certainement utilisé à l'entrainement des cadres de leur Marine Marchande.

Avant de terminer, nous désirons adresser un compliment au Capitaine Lacroix qui, avec patience, a pu recueillir une forte documentation sur la vie des Grands Voiliers; il a illustré cette époque d'une manière admirable. Son ouvrage a comblé de joie de nombreux lecteurs épris des choses de la mer; qu'il en soit félicité.

Nous tenons à vous exprimer nos remerciements d'avoir bien voulu accepter notre modeste invitation, et vous adressons nos meilleurs voeux d'heureuse santé et de bonne continuation de votre congrès, qui a été magnifiquement organisé par notre ami, le Commandant AUBIN , tout en vous disant à l'année prochaine.

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Version : 19.03.2008 - Contents : Martine Bernard-Hesnard

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