Dimanche, 7 Avril 1918

Bien chère Madame B.,

Je reçois à l’instant votre carte-lettre du 4 qui s’est croisée avec ma lettre d’hier.

Les lettres commencent à parvenir, ce n’est pas dommage car je commençais à m’impatienter de savoir la maman et les amis dans l’inquiétude; d’autant plus que je me trouvais dans un secteur calme et pas dans la mêlée.

Je ne pensais pas que les violettes vous seraient parvenus; vous êtes bien gentille de les faire passer à Melle C., je vais tâcher d’en trouver d’autres, mais pour cela il faut que je change de quartier; il y a bien des petits coins qui doivent être fleuris, mais les voisins d’en face ne me laisseraient pas tranquille, il faudrait un beau clair de lune pour aller faire la cueillette.

Quant au joli roman j’ignore tout-à-fait à quelle époque il pourra se réaliser, il peut y avoir changement si toutefois la question W. arrivait. Il faudrait établir un nouveau programme, ce ne serait pas long. Naturellement les visites Rue B. seraient plus espacées; mais ne croyez pas que la guerre va durer une éternité; je ne demande pas à faire un long séjour outre-Atlantique, comme il faut la fin de la guerre pour réaliser tous nos projets, ce sera toujours la même chose! Il n’y a malheureusement que les entrevues avec Melle C. qui seront plus rares; attention je pense comme si j’étais déjà rendu.

Cette lettre vous parviendra certainement pour le 12 avril, permettez-moi de vous adresser ainsi qu’à Monsieur B. tous mes compliments et surtout à l’occasion de l’anniversaire de votre mariage; inutile de vous dire combien je suis navré de ne pas être des vôtres pour ce joli jour.

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