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J’ai reçu aujourd’hui vos lettres Nos 15-16-17-19; il manque le No 18; il n’est sans doute pas loin. Jusqu’à présent il ne manque aucune lettre à ma collection, à part le No 18 que je ne considère pas comme perdue, elle a du prendre une autre voie.

Comme je rentrais ce soir, j’ai acheté un extra paper (c’est à dire la dépêche) dans lequel il y a la réponse du Président Wilson qui en résumé dit qu’il n’y a encore pas la paix, tant que le Kaiser ne sera pas parti.

Si vraiment comme disent les journaux le peuple allemand attend impatiemment la paix, pour pouvoir faire tomber le Kaiser, il faut une révolution; c’est une chose possible car depuis le temps que le peuple boche est rationné et avec leur défaite en France et aux Balkans, cela peut être sérieusement envisagé.

Je crois que tout cela va avancer les choses et que d’ici peu on aura la fameuse solution de ce tragique problème.

Je reviens à vos lettres pour répondre à toutes vos questions.

J’ai été étonné de savoir que P. n’était pas encore venu en permission; il me semble que vous l’attendiez dans le commencement de Septembre; ce petit retard n’a pas été un mal si P. a pu assister au mariage de M.

Votre pauvre oncle est retourné à son Ballon d’Alsace; il doit bien s’ennuyer dans ce quartier, quelle existence à son âge; vu sa classe je pense que son retour définitif ne saurait tarder, avec les événements qui semblent se précipiter nettement en notre faveur.

Vous parlez de promenades en auto le dimanche, il ne faut pas y songer depuis le 1er Septembre; le Ministre du ravitaillement a demandé pour un moment d’économiser l’essence, et pour cela de ne pas rouler le dimanche, alors, c’est bien gênant; mais je crois que cette restriction sera rapportée avant peu; ce ne sera pas dommage, car la seule et gentille distraction, c’est de visiter la campagne, après 6 jours de travail, on l’a bien gagné.

Maintenant je vous dirais que je suis habitué aux restrictions et quoique cela, je me trouve particulièrement heureux à côté de mes pauvres camarades qui sont au front dans ces moments qui doivent être bien durs.

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En effet je jette mes plans pour notre mariage en Mai et si possible un peu avant; mais comme j’aurais pas mal de questions à régler aux U.S.A. il me faudra sans doute revenir ici, mais comme je suppose bien que la guerre sera terminée depuis longtemps, je resterai plus de 8 jours à Paris, car de plus j’aurais des questions pour mes voiliers, à voir avec Paris, ce qui allongera mon séjour; de toute cela c’est peut être vite d’en causer; et un retour à W. ne me sera pas nuisible car je compte toujours avoir la direction de ma Cie à Nantes; nous pourrons planter ensemble des jalons pour l’avenir. Nous en recauserons.

Très bien pour les cartes; vous les collectionnez; mais il doit s’en trouver en double, attendu que je fréquente à peu près les mêmes pays; vous pourrez toujours faire quelques échanges, avec vos frères et soeurettes.

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Vous me demandez s’il pleut en Amérique et bien non; très rarement, l’été quelques orages, et surtout à W. avec la vallée du Potomac, cela gronde très dur; mais cela n’a rien de terrible. ...

Pas mal, le mariage précipité de M.; comme je vous le disais dans mes dernières lettres, j’ai été surpris de voir le mariage avancé d’un mois, je comprends la raison; car Salonique n’a rien de folichon; Mr R. qui y est resté 12 mois pendant cette guerre ne m’en chante pas beaucoup de louanges.

Enfin, c’est un cauchemar de moins, car la pauvre M.e n’aurait pas pu suivre son mari en Orient; de ce côté vous pouvez vous dire très privilégiée car vous pourrez toujours venir en Amérique, les Américains sont plus galants, ils acceptent les Dames, et aussi les Damoisaux!!

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J’attends les photos d’E., elles ne tarderont sans doute pas, car je sais qu’il va très vite à les développer et puis J. lui aide pour les tirer sur papier, cela me donnera un petit souvenir de votre séjour dans ma famille.

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J’ai toujours de l’ouvrage; mais je crois que sous peu j’aurai du renfort, surtout pour l’hiver, cela m’intéresse car j’irai moins souvent dans les ports; j’aime bien changer de quartier, toujours visiter les mêmes pays, cela devient monotone; j’aurai les nouveaux ports en Décembre – Philadelphie. Boston.

Votre dernière lettre est du 25 Sep. et vous ne parlez pas d’un cable envoyé de Norfolk dans le but de vous faire patienter jusqu’au 30 Septembre avant d’avoir mon courrier, tout cela faute de paquebot. Vous m’en parlez peut être dans la lettre No. 18.

L’incendie du D.P. doit donner beaucoup d’ouvrage à votre papa, car son usine était si bien installée qu’il y est très difficile aujourd’hui de trouver des bons ouvriers pour faire ce genre de réparations.

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Je suis bien de l’avis de M. & G. de ne pas faire de tralala pour leur mariage, surtout en temps de guerre; ...

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hier soir en traversant la rade Hampton me trouvant près d’Old Point confort, j’ai vu les honneurs rendus au drapeau américain à bord de l’escadre mouillée près de nous.

La musique de chaque bâtiment et un détachement de marins sont rangés sur la plage arrière du cuirassé; et juste comme le soleil disparaissait de la ligne d’horizon, le drapeau américain est abaissé pendant que l’hymne national est joué. J’ai trouvé ce spectacle grandiose surtout sur l’eau il y a de l’écho.

...maman ... ne trouve pas encore mon absence trop longue, car au début de la guerre je suis resté 14 mois sans rentrer à la maison c’était dans d’autres circonstances que maintenant, je courais un peu plus de danger.

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