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Paul BERNARD (1920-1994) Capitaine de Vaisseau honoraire Arbitre maritime

Dans l'après-midi du 26 mai une foule émue et recueillie se pressait dans l'église Saint-Clair à Nantes pour rendre un dernier hommage au Commandant Paul Bernard (Capitaine de vaisseau hon.) qui vient de s'éteindre à l'issue de ce qu'il est convenu d'appeler une longue et cruelle maladie.

Longtemps figure marquante de l'armement français, la réputation de M. Bernard allait bien au-delà du cercle de notre milieu maritime. Né à Nantes en 1920, il était le fils de Léon BERNARD (1887-1967) qui était entré aux Voiliers Nantais en 1901 et qui a terminé sa carrière de plus d'un demi-siècle comme directeur honoraire de la Compagnie Nantaise des Chargeurs de l'Ouest (CNCO), devenue depuis la Compagnie Morbihannaise et Nantaise de Navigation.

Fidèle à cette vocation maritime, et après de solides études à Nantes et à Versailles, M. Paul Bernard était entré à l'Ecole Navale en 1939. Enseigne de vaisseau au Régiment Blindé de Fusiliers Marins de la 2e DB, blessé au combat devant Versailles le 24 août 1944, il démissionnait en 1948 avec le grade de lieutenant de vaisseau.

Nommé Capitaine de Frégate de réserve, il fut un temps délégué à Nantes du Centre d'Instruction des Réserves de l'Armée de Mer de Brest, de même qu'il fut longtemps responsable départemental et régional de l'ACORAM. Il était titulaire de plusieurs distinctions: Croix de guerre 1939-1934, Officier de l'Ordre national du Mérite, Officier du Mérite Maritime, Officier de la Légion d'Honneur au titre de l'armée de mer.

Sa carrière dans la Marine Marchande a débuté en 1948 à la CNCO (affrètement et tramping), ce qui lui permit de participer de façon importante au développement de la Conférence du Tramping Pondéreux. Redoutable négociateur mais fort connu et apprécié autant pour sa grande compétence que pour sa courtoisie teintée de bonne humeur dans les milieux maritimes français et étrangers, M. Bernard avait pris une part active aux travaux de la commission des documents du CCAF et du Documentary Council de la BIMCO, dont il était membre depuis 1955 et dont il fut le Président très estimé de 1975 à 1981.

Connu pour ses talents d'organisateur et pour faire bénéficier les autres des fruits de son expérience, il avait été chargé en 1975 d'une direction à SNCDV avec mission de former ou de compléter la formation des cadres appelés à exercer leur activité dans le domaine de l'affrètement de navires et du tramping.

Cette même sagacité et ce même souci de perfection qu'il n'avait cessé de montrer dans l'élaboration des documents maritimes adaptés aux besoins des milieux professionels devaient conduire presque naturellement Paul Bernard à s'intéresser à l'arbitrage maritime et a y acquérir une réputation exceptionnelle. Cette réputation était due à son sens juridique inné, à son expérience incomparable dans le domaine de l'affrètement, et à sa vaste culture d'homme curieux de tout.

Inscrit comme arbitre à la Chambre arbitrale maritime de Paris dès 1966, institution à laquelle il était très attaché et qu'il devait marquer de sa forte empreinte, le disparu s'honorait également d'être membre de la célèbre London Maritime Arbitration Association (LMAA). Les décision arbitrales qu'il rendait, seul ou au sein d'un collège arbitral, étaient le résultat d'une étude patiente et minutieuse des faits, d'un examen critique rarement pris en défaut, d'une faculté d'écoute peu commune. Elles faisaient donc autorité, et elles ont contribué à l'élaboration d'un précieux "corpus juris" en matière maritime.

L'homme de coeur et l'homme d'action qu'il était se manifestait également dans d'autres domaines, à titre purement bénévole, où ses talents d'organisateur faisaient merveille, sans qu'il se départisse jamais de ce sens de l'humour qui fait les bons compagnons.

En vieux lutteur habitué aux combats, il avait affronté avec courage et lucidité la maladie qui devait l'emporter. A sa famille qui lui était si chère, à ses anciens collaborateurs qui le vénéraient, à ses nombreux amis qui garderont le souvenir d'un homme de fortes convictions et d'un travailleur infatigable, notre Journal ne peut qu'exprimer sa sympathie attristée.

Journal de la Marine Marchande, 3 Juin 1994

Les textes marqués en gris ne figurent pas dans l'article du Journal de la Marine Marchande mais sont visiblement du même auteur.

Version : 05.12.2007 - Contents : Martine Bernard-Hesnard

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