Amiral,
Souffrez que faisant fi des classiques rigueurs,
Imposées par nos lois sur la cérémonie,
Sonneries, Garde à vous, Décret sur les Honneurs,
Nous mettions au salut un peu de fantaisie.
Accueillez nos éclats comme un féal hommage,
Le signe de la joie que vous preniez
passage
Sur ce Vaisseau Nantais qui, pour vous,
est sous voiles.
La double est accordée à tout son équipage
Et la promesse donnée
d'un fameux boujaron
Comme belles manières de fêter trois étoiles
Qui se lèvent de la mer
pour orner l'écusson
Et l'habit arboré par notre Chef de Nage.
Le Grand Mât National de notre Association
Est venu en témoin de la
célébration
Nous aider à prêter le serment d'allégeance,
A chanter notre foi et dire notre
espérance.
La Marine vaudrait que je puisse
lui dédier
Plus brillante chanson, en sachant retrouver
Les accents de l'Illiade ou ceux de
l'Odyssée.
Je n'en ai le pouvoir, mais la seule pensée
Que mon chant vient du coeur fera
juste mesure.
La Marine, pour nous, fut d'abord aventure
Dans un monde enchanteur où la réalité
Obéissait au rêve et la fraternité
Faisait l'unique
loi reconnue des marins,
Apprise à regarder les ballets des dauphins.
Libres de toute chaîne
qui ne fût pour s'unir,
Dans l'union de leurs coeurs ils mettaient leur plaisir,
Heureux de
partager les heures de la vie
que la mer leur fût rude ou se fît belle amie.
L'usage voulut longtemps de juger l'excellence
A l'art et la manière de tirer du canon
D'apprendre les secrets de la navigation.
Il nous faut, aujourd'hui, connaître une autre science,
Devenir des héros de chasse à
l'électron,
Faire le point à la mer sans regarder le ciel,
Admettre l'idée folle d'un marin
en jupon,
Et ne pas oublier, pour vaincre l'ennemi,
Qu'il est prudent d'avoir le meilleur
logiciel
Et qu'il n'est pas mauvais qu'il soit le mieux servi.
Nous pourrions nous tromper à la nomenclature
Des vaisseaux d'aujourd'hui qui portent avec
fierté
Des noms chargés de gloire et de célébrité
Laissant dans leur sillage un parfum
d'aventure.
Frégates et corvettes n'ont plus comme autrefois
Les ailes de leurs voiles, trinquettes et
cacatois,
Elles demeurent à nos yeux de grands oiseaux graciles,
Mais ont dû s'accoutrer de
trop d'aspérités,
Antennes rivalisant, par leurs diversités,
Dont bien peu croient savoir à
quoi elles sont utiles,
Grands ballons de métal, sortes de montgolfières,
Capables de percer
les plus grands des mystères.
Sans doute est-ce la rançon à payer au progrès
Mais le prix est bien lourd qui conduit au
succès.
Nous sommes entrés, dit-on, dans une ère nucléaire.
La guerre est sans merci, encore
qu'au presse-boutons.
Si la gloire de nos armes demeure nécessaire
Survivre est la première
des préoccupations.
J'ai quelque peu menti en dressant le tableau
Où je vous ai décrit la vie électronique
Qui
attend les marins de l'ère astronautique.
Ils savent, comme avant, aimer ce qui est beau
Et
chercher dans le ciel un appel mystérieux.
Soyez donc rassurés quant à l'astronomie.
Elle ne saurait manquer de rester à leurs yeux,
Le premier commencement, la genèse de la vie.
Pour ne pas révéler l'objet de leur passions,
Les amants ont des mots qu'ils se gardent pour
plaire.
De même les marins, pour plus de précaution,
Appellent Ascencion Droite une
mesure circulaire
Et, sans vergogne aucune, nomment Déclinaison
Un angle dont jamais n'a
parlé Cicéron.
Le jeu atteint parfois les sommets de la science.
Un astre n'a jamais plus faible
magnitude
Que lorsqu'il nous offre sa plus large apparence.
C'est là, sous autre forme,
grandeur et servitude.
Le choix vous est laissé, en toute fantaisie
De chercher dans le ciel
quelque nouvelle planète.
Vous n'oublierez pourtant notre bonne comète
Qui passera demain à son périhélie.
A dire
vrai, ce bel astre est resté fort discret
Et n'a guère mérité notre petit couplet.
Gageons
que la comète ne pourra l'oublier
Et que la prochaine fois qu'elle nous rendra visite
Nous
pourrons à loisir bien mieux la contempler
D'autant que nous serons, nous aussi, sur orbite.
Et revenant au rêve d'où nous étions partis
Nous aurons achevé un fabuleux voyage.
Mais avant s'offre à nous un aimable mouillage.
Vous l'avez mérité. Les dîners sont
servis.
Version : 14.01.2008 - Contents : Martine Bernard-Hesnard
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