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Marcel Milet	Tournus le 16 Juin 1994
Madame
Ce matin, "Y comme Yser" m'apprend la triste nouvelle. Le "Lieutenant BERNARD" n'est plus. Permettez-moi, Madame, de vous présenter mes bien sincères condoléances pour vous et vos enfants.
En cet instant douloureux, les souvenirs remontent en foule. Dès le retour d' Angleterre nous avions crapahuté en Tunisie avec le Bataillon Bizerte. Ayant été blessé dans un accident de la route ce n'est qu'au Hangar 14 au port de Casablanca que je le retrouvais. A ce moment il cherchait un quartier-maître chef pour son auto-mitrailleuse de commandement, il me proposa ce poste et c'est avec joie que je l'acceptais. Je me souviens des feux de camps - où vous avez assisté, si ma mémoire est encore bonne - et des entraînements préparant le grand retour, où il payait de sa personne. Dans la malencontreuse blessure aux portes de Paris, alors que nous allions goûter la gloire des libérateurs, nous avons dit: "Ce n'est pas juste, il avait été à la peine, il ne fut pas au triomphe."
M'étant marié en Avril 45, je quittais la Marine en Août 45 et c'est encore "le Lieutenant" qui me trouva un emploi aux Entrepôts frigorifiques de Toulon avec l'appui de Monsieur Laridan votre oncle.
Ces temps passés sous son commandement sont dans mon tiroir à souvenirs parmi les meilleurs de cette époque troublée. Il a suffit de cette pénible épreuve pour qu'ils ressortent et me plongent dans une lourde tristesse.
En renouvelant mes bien sincères condoléances, veuillez agréer, Madame, mes respectueuses salutations.

Version : 05.12.2007 - Contents : Martine Bernard-Hesnard

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