Lettre de POW à ses parents
Mercredi 30 Décembre 1942
Chers Parents
Bien reçu vos lettres du 21et du 29 Novembre. Je suis
heureux de vous savoir en bonne santé. Je me porte également très bien. Contrairement à ce que
pense Blanchin, je n’ai aucune facilité pour suivre des cours,
le régime que nous avons est celui de prisonniers de guerre
CENSURÉ La nourriture est
convenable ainsi que le logement. Inutile de m’envoyer des
effets d’habillement; gardez vos coupons qui doivent être rares.
Nous sommes vêtus de vieux uniformes anglais CENSURÉ
nous touchons des chemises et du linge de l’armée britannique. Tout ceci
est payé avec notre solde (7 livres par mois, qui nous sert aussi à acheter
des cigarettes, des cahiers à la cantine.) Tout est
d’ailleurs assez cher, car la livre a eu pour de nombreux articles le
pouvoir d’achat de 100 francs.
– Je vous remercie de m’avoir envoyé des livres. J’espère les recevoir car
un de mes camarades en a déjà reçu de France. Voici encore quelques
indications, non pas pour que vous m’envoyiez une bibliothèque, mais pour que vous ne tombiez pas à
faux. En Electricité, cours de l’Ecole Supérieure
d’Electricité, ou du même niveau ; radio, pareil. En histoire, les Collections
«Grandes Etudes historiques» et «Connaissance de l’Histoire» (les deux chez
Arthème Fayard), contiennent des titres très bien. Si c’est possible, j’aimerais en particulier
«Les Grands Rois Capétiens» par Funck-Brentano et
«La Guerre de Cent Ans » par Aug. Bailly. Si vous tombez sur une
histoire de Bretagne, je serais très
heureux de l’avoir. Vous remercierez bien Gaston
et Mr Chedorge de s’occuper de moi et vous leur transmettrez mes
amitiés.- J’ai l’impression que la Nantaise
va être obligée de fermer jusqu’à la fin de la guerre, puisqu’il n’y a plus
de bateaux. L’inactivité va peser, je pense, à papa, à moins qu’il ne se lance dans l’
agriculture!
Que devient Le Cellier? J’espère que
j’apprendrai bientôt que Denise se marie,
car je compte bien trouver des neveux à mon retour auxquels je pourrai raconter déjà pas mal
d’histoires. Et Paulette? Allons, allons,
pas de mollesse.- J’ai été très affecté d’apprendre la mort de ce bon Commandant Le
Terrier. Mes plus sincères condoléances à sa famille. Je vous embrasse tous sans oublier
tantes, Mesdames Truffault, Didinne et
Azémar.
Version : 19.06.2005 - Contents : Martine Bernard-Hesnard
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