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	LETTRE PERSONNELLE à tous les Membres de l'Amicale 2ème D.B. de Loire-Atlantique et à ses correspondants habituels
Paul BERNARD		4 mai 1993
19 boulevard de la Fraternité 44100 NANTES

Chers Amis,

C'est avec une profonde tristesse que je m'adresse à tous, anciens, veuves et enfants, et aussi amis, pour faire part de ma décision de quitter la Présidence de l'Amicale 2ème D.B. de Loire-Atlantique.

L'annonce de ma démission mérite explication mais je voudrais me garder d'ouvrir une discussion qui pourrait être sans fin. Voici, néanmoins, quelques explications.

Ma démission met un terme à diverses pressions, exercées depuis près de deux mois, en raison de propos qui me sont reprochés. Tout a commencé par un exposé que j'ai fait sur "les Marins dans les années difficiles (1940-1942)", devant le Comité Nantais de Documentation Historique de la Marine.

Il ne s'agissait nullement d'entreprendre une critique du comportement de chacun, il y a cinquante ans, mais plus simplement de relater des faits et de faire connaître les sentiments alors éprouvés, sans chercher ni à plaire, ni à convaincre.

Une telle évocation avait pour but essentiel de rendre hommage à tant de camarades tombés pour l' Honneur et dont la mémoire ne mérite pas d'être effacée. Un tel hommage a été rendu en différentes enceintes et j'ai tenu comme un devoir d'être, à Nantes, un des maillons d'une chaîne.

Le cadre était approprié. Il s'agissait d'Histoire, et de la Marine. Nous étions loin de la 2ème D.B. encore que nombre de marins dont j'ai rapporté les aventures s'y soient retrouvés et soient fiers d'y avoir servi.

Malgré mon souci d'en rester aux faits et d'éviter d'attaquer quiconque, mon exposé a suscité la réprobation de quelques-uns de nos camarades qui y ont assisté. Ce sur quoi, je me suis vu reprocher d'avoir rappelé des événements pénibles de notre histoire et même d'avoir manqué à l'Honneur.

Sommé de démissionner de la Présidence de notre Amicale, j'ai refusé de me soumettre. Je n'ai pas admis avoir failli, en quoi que ce soit, au cours d'une période antérieure à la 2ème D.B.

C'est alors que j'ai été l'objet d'une menace de scission de l'Amicale par des anciens qui ont déclaré vouloir la quitter si j'en demeurais Président.

Dès lors que mon premier devoir est de rassembler, de maintenir l'unité de l'Amicale, j'ai résolu de démissionner de sa Présidence. Il va de soi que je ne renonce pas à mes idées. Ma décision ne procède que du souci que j'ai de ne pas nuire, par ma seule personne, à l'unité de l'Amicale. J'avais offert de la servir, je ne veux pas la desservir.

Ma décision est immédiate mais elle ne prendra, évidemment, son plein effet que lorsque mon successeur aura été normalement investi par une Assemblée Générale. Entre-temps, je me soucierai de l'expédition des "affaires courantes" en me gardant de toute entreprise nouvelle.

Quant à la suite, il ne m'appartient plus d'en connaître, sauf comme simple membre de l'Amicale. Il doit être clair que je ne suis pas, et ne serai pas, candidat à ma réélection par une Assemblée Générale. Je ne veux pas compromettre l'union.

Je me retire donc mais je tiens à dire, à tous ceux qui m'avaient fait confiance et qui comptaient sur moi, en particulier aux veuves, aux nouveaux arrivés à l'Amicale, et à tous autres d'où qu'ils soient, que je n'entends pas les abandonner et que je m'appliquerai à les aider dans la mesure de mes moyens. Je n'en demande pas moins à chacun de mesurer que je ne veux rien faire qui puisse entraver le fonctionnement de l'Amicale.

Vous aurez certainement compris que j'ai pris ma décision avec une profonde tristesse. Sachez aussi que je ne regrette en rien d'avoir rappelé les événements au cours desquels tant de mes chefs et de mes camarades, non pas seulement des marins, sont tombés au Champ d'Honneur.
Je n'ai fait là que mon devoir et il importe peu qu'on y ait trouvé une raison pour m'écarter.

Je ne veux pas clore sans remercier, du fond du coeur, tous ceux qui m'ont fait confiance en me chargeant de conduire notre Amicale, et plus spécialement tous ceux qui m'ont apporté un appui sans faille dans l'accomplissement de ma mission.

A tous, j'adresse l'expression de mes sentiments fraternellement dévoués.

Paul Bernard

Version : 03.12.2007 - Contents : Martine Bernard-Hesnard

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