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Pourquoi publier sur internet des documents familiaux?

 

 

Prof. Oswald Hesnard

Tout commença avec la lettre du 4 octobre 1922 de Gustav Stresemann à mon grand-oncle Oswald Hesnard.

Mon grand-père parlait très peu de son frère dans mon enfance. Je me rappelle toutefois l’avoir entendu évoquer avec plaisir un repas privé avec Oswald et Briand.

Ma grand-mère racontait avec enthousiasme le séjour qu’elle avait passé chez lui à Berlin. L’appellation "Unter den Linden" m’était familière bien avant que je n’apprenne mon premier mot d’allemand.

Elle parlait aussi de ces carnets que l’amie d’Oswald ne voulait pas restituer ce qui avait visiblement suscité des altercations. Il s’agissait de notes confidentielles pour le gouvernement français... Cet oncle inconnu, agent secret? Passionnant!

Et je retournai à mes jeux d’enfant.

A la mort de ma grand-mère fut découvert un carton dans son grenier: des documents concernant l’oncle Oswald, en français comme en allemand. Comme je suis la seule "germaniste" de la famille, mon père m’a amené ce carton à Munich.

En examinant ces documents inattendus, mon attention se fixa sur la lettre de Gustav Stresemann à l’oncle Oswald. Il lui demande son appui pour faire restituer à l’Allemagne les éléments de l’exposition sur Goethe à Lyon, confisqués par la France en 1914.

Mon opinion est que ce genre de biens culturels a une valeur bien au-delà de tout bien matériel, appartient en quelque sorte à un patrimoine universel et ne peut en aucun cas être considéré comme butin!

Comment savoir si l’oncle Oswald avait répondu et comment? S’il avait pu obtenir un résultat? Où étaient ces objets?
Je n’avais pas internet à l’époque.

Quelques années plus tard, je me mis en quête de renseignements et m’adressai à l’Auswärtiges Amt à Berlin, tout comme à la ville de Weimar.

Deux jours plus tard je recevais de Berlin la copie de la lettre de l’oncle Oswald archivée dans le fonds Stresemann. L’oncle Oswald avait bien certifié son intervention.

Weimar m’avait orientée sur la Maison de Goethe à Francfort. M. le Dr. Seng, leur historien, m’expliqua ce qui s’était passé. Il s’intéressait à la correspondance Stresemann / Hesnard qu’il ignorait jusqu’alors.

Un membre des Archives de l’Auswärtiges Amt me recontacta: un collègue lui avait parlé de ma demande et il se déclarait très intéressé. Au cours des échanges qui s’ensuivirent, je réalisai que l’oncle Oswald n’était nullement l’agent secret de la légende familliale mais au contraire un diplomate bien connu des historiens allemands.

Je décidai alors de mettre sur internet ces documents jusqu’ici inconnus et susceptibles d’être utiles à ceux qui s’intéressent à l’histoire.

Se posa aussi à ce niveau la question de sauvegarde de ces documents. Ayant travaillé à la banque de données d’un archive commercial, j’étais sensibilisée aux dangers encourus par les documents originaux. A plus forte raison dans le privé: déménagement, tasse de café renversée, chat qui saute dans le carton pour s’y faire voluptueusement les griffes...

La lettre de Stresemann sur l’exposition de Goethe avait un statut spécial: je l’ai remise en toute propriété à la Maison de Goethe. M. le Dr. Seng, avec lequel j’avais conclu cet accord, cite cette lettre et la copie de la réponse de l’oncle Oswald dans son livre "Goethe-Enthusiasmus und Bürgersinn".

Pour les autres documents j’ai été conseillée de façon optimale par Berlin qui m’a informée que ces documents étaient conservés sans frais pour le donateur qui en restait propriétaire et pouvait poser conditions et restrictions à leur utilisation.

L’oncle Oswald avait aimé Berlin et je pensai qu’il aurait été en son sens que les documents soient archivés à Berlin et en fis la proposition à l’Auswärtiges Amt. Il m’a été répondu - je pense non sans regret – que les historiens cherchaient les documents dans le pays de la personne concernée, donc en France dans le cas présent.

Je contactai donc par courriel la Bibliothèque Nationale qui informa immédiatement le Quai d’Orsay. Il fut convenu le lendemain par téléphone que le Consulat de France à Munich se chargerait de la négociation des détails, du catalogue et du transport des documents par valise diplomatique.

Dr. Angelo Hesnard

Il m’avait été montré parallèlement un carton de documents sur mon grand-père, Dr. Angelo Hesnard, dont un joyau: un journal manuscript sur son voyage à Saïgon en 1925, orné de croquis de sa main. Le livre sur les événements de Bizerte était plus "délicat", il avait été refusé en 1952 par les éditeurs mais mon grand-père voulait le publier, j’ai donc commencé à saisir ces documents sur internet.

Je fus très vite contactée par un historien du Service Historique de la Marine qui demandait s’il était possible de consulter ces documents, ce que ma mère lui a volontiers accordé.

En pourparlers avec l’Auswärtiges Amt et le Quai d’Orsay, il m’est venue l’idée de motiver ma mère à remettre au SHM les documents de son père à l’occasion de ses 80 ans. J’ai convenu avec l’historien du SHM d’une petite "remise officielle” sur le Maillé-Brezé à Nantes pour faciliter à ma mère la séparation de ces souvenirs de son père.

Paul Bernard, Léon Bernard

Par la suite, lors des préparations d’un déménagement, je voulais porter au containeur quelques cartons vides du grenier de ma grand-mère paternelle et ai trouvé "in extremis" au fond d’un carton marron une grosse enveloppe de même couleur, l’adresse d’une femme médecin de la main de ma grand-mère contre le fond du carton.

J’ai ouvert par curiosité pour y découvrir les lettres de mon père à ses parents pendant la guerre et autres documents concernant sa captivité. Après saisie j’en ai informé le SHM: "Mais combien de trésors avez-vous encore??” Son intérêt tout particulier pour une lettre m’a aussi surprise, en fait une simple description de la vie à bord.

Ces documents ont rejoints le fond Hesnard, désormais Bernard-Hesnard.

Puis quelques documents sur Léon Bernard, mon grand-père paternel, entre autres dans les tranchées et lors de la mission Tardieu.

Quelques dessins militaires du Colonel Vimont, un arrière-grand-père, guerre 14-18 et Spahis.

Le site était au départ conçu pour mettre différents souvenirs à la disposition de la famille, s’il peut présenter un intérêt plus large, je ne peux que m’en réjouir.

Les documents du Professeur Oswald Hesnard ont été confiés par la famille aux Archives des Affaires Etrangères, Quai d'Orsay, Paris
Ceux du Dr. Angelo Hesnard sont archivés au Service Historique de la Marine, de même pour les documents de mon père, Paul Bernard, et de mon grand-père, Léon Bernard.

 

 

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