ELOGE FUNEBRE

prononcé par le
Médecin Général NUN

aux obsèques du Médecin Général A. HESNARD
le Samedi 19 Avril à ROCHEFORT sur MER

Index

Délégué par Monsieur le Médecin de 1ère classe PETCHOT-BACQUE, Directeur Central du Service de Santé des Armées, pour le représenter à cette cérémonie funèbre, j'ai le triste privilège mais aussi l'honneur d'évoquer un court instant la carrière militaire et médicale, ainsi que de saluer l'éminente personnalité que fut le Médecin Général HESNARD.

Cet honneur, d'autres, beaucoup plus qualifiés que moi, pouvaient le revendiquer et en particulier tous ceux qui furent ses élèvres, je pourrais même dire ses disciples; et je pense particulièrement à Monsieur le Médecin Général PICARD, Inspecteur du Service de Santé pour la Marine, Monsieur le Médecin Général BAYLE, Monsieur le Professeur HECAEN, et combien d'autres qui furent marqués de l'empreinte de celui qu'ils considéraient comme leur "Patron". Mais était-il vraiment nécessaire d'être Neuro-Psychiatre pour parler de celui qui a donné à la Psychiatrie Française un prestige qui a dépassé les limites de la France? Etait-il nécessaire d'avoir connu le Médecin Général HESNARD ou d'avoir servi sous ses ordres pour saluer celui qui a fait honneur pendant tant d'années au Corps de Santé de la Marine? Je ne le pense pas, et je crois qu'aucun Médecin de Marine de cette génération, et à quelque discipline médicale qu'il ait appartenu, n'a échappé au rayonnement de celui dont nous déplorons aujourd'hui la disparition. C'est donc très modestement, mais en toute sincérité que je veux attester les sentiments du Service de Santé des Armées et plus particulièrement du Corps de Santé de la Marine.

 

Né à Pontivy en 1886, entré à l'Ecole Principale du Service de Santé de la Marine en 1905, le Médecin de 2ième classe HESNARD commençait en 1909 une carrière exceptionnellement brillante. Nommé Médecin Général de 2ième classe en 1940, il terminait cette carrière comme Inspecteur Général du Service de Santé de la Marine en Afrique en 1943. Carrière extrêmement diverse également où les embarquements alternaient avec des fonctions d'enseignement ou des postes de direction à grandes responsabilités administratives. C'est le propre des intelligences supérieures que de savoir s'imposer à tous les échelons de la hiérarchie et de s'adapter avec un égal brio à toutes les fonctions qui leur sont confiées. Mais comment ne pas évoquer surtout, comme le faisait encore récemment devant moi le Médecin Général PICARD, l'Enseignant, celui qu'ont connu ses Elèves, le créateur d'une Ecole, le "Patron" au sens le plus noble du terme, dont l'esprit clair, l'élégance aussi bien physique qu'intellectuelle, l'élévation de pensée, exerçaient une séduction incomparable sur tous ceux qui l'écoutaient, d'une façon quasi-religieuse.

 

Deux faits cependant semblent avoir marqué le cheminement de carrière du Médecin Général HESNARD.

Ce fut tout d'abord les contacts qu'il eut, pendant la première guerre mondiale, avec l'armée serbe à l'issue d'une longue retraite, où il fit les premières études qui devaient amener la publication d'ouvrages sur les Psycho-névroses d'angoisse et la "Psychiatrie de Guerre".

Ce fut surtout sa découverte de FREUD qu'il fut le premier à faire connaître en France où il introduisit la Psychanalyse en montrant, en conclusion de travaux effectués avec le Professeur RÉGIS de Bordeaux, l'intérêt de la méthode d'examen de la personne en profondeur. Il eut d'ailleurs parmi tant d'autres titres scientifiques qu'il serait fastidieux d'énumérer, le mérite d'être Membre fondateur et Président de la Société Française de Psychanalyse. Mais sa largeur de vues, sa conception de l'homme ne pouvaient se satisfaire entièrement des limites un peu rigides de la psychanalyse freudienne. Très vite sa pensée dépassait ce cadre pour le compléter par la phénoménologie et surtout l'identification à ce qu'il appelait le "moi malade", et c'est sous cet angle qu'il dépassait le cadre de la Neuro-Psychiatrie pour atteindre toutes les disciplines médicales. Il créait ainsi une Psychanalyse plus vaste et plus humaine, restant fidèle à cette méthode qu'au cours des années il traitait de manière de plus en plus exhaustive. Car, et ce fut également une des caractéristiques du Médecin Général HESNARD, son activité, où il fit toujours preuve du désintéressement le plus absolu, ne se démentit pas jusqu'à ces toutes dernières années. Et je n'en veux pour preuve que son titre de Lauréat de l'Institut des Sciences Morales et Politiques, décerné assez récemment pour son traité consacré à la Psychopathologie du crime.

Telle fut, trop sommairement esquissée, la personnalité de l'homme éminent dont nous déplorons la disparition. Puisse cet hommage que nous rendons aujourd'hui, sans atténuer le chagrin de sa famille que nous saluons respectueusement et à qui nous présentons les sincères condoléances du Service de Santé des Armées, être le témoignage de la reconnaissance de notre Corps et le gage du souvenir fidèle que laissera dans notre coeur le Médecin Général HESNARD.

 

 

Version : 07.12.2004 - Contents : Martine Bernard-Hesnard

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