Conclusion

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En somme, l'Allemagne de 1923 est un chaos économique et moral; des forces contradictoires et aveugles s'y affrontent, les masses syndicalistes conservent une certaine discipline. Mais elles sont entamées par la propagande russe. C'est le moment où les émissaires de Moscou trouvent le terrain le plus favorable.

Leur propagande peut se résumer en quelques mots: "tout le prolétariat d'un peuple opprimé contre les nations capitalistes et les états oppresseurs." D'où la jonction entre les groupements d'extrême-droite, corps francs, organisations de noms divers et les centuries bolchevisantes. Moscou pousse à la résistance et fait l' apologie de Schlageter. De leur côté, il se trouve naturellement des hommes d'affaires et souvent les plus considérables, qui, au contact de "l'ennemi", songent par moments à mettre leurs intérêts sous la protection de "l'ennemi", en considérant froidement les avantages qu'on pourrait leur consentir. Bien des bourgeois westphalo-rhénans, terrifiés par l'approche de la "vague rouge" font des réflexions analogues. Dans un pays aussi déchiré que l'Allemagne d'alors, tout était théoriquement possible, y compris un mouvement séparatiste.

A ce sujet, bien des Français, civils et militaires, se sont fait d' étranges illusions. Ce qui semble réalisable en période d'anarchie matérielle et morale devient dangereuse utopie dès le moindre sursaut national, dès les premiers pronostics d'accalmie. Nous avons toujours nié tout encouragement officiel à l'agitation séparatiste dans l' Ouest de l'Allemagne. Une "littérature" abondante existe dont il faudrait examiner la valeur - que les auteurs allemands ne mettent naturellement pas en doute. Quoiqu'il en soit, je pense qu'au pire moment de la crise, l' opinion allemande était foncièrement, puissamment hostile à toute combinaison qui eut menacé l'unité.

Ce qui s'est produit alors, c'est la formation pénible, désordonnée, mais vivace du parti national-socialiste. C'est alors que s'est formé Hitler, c'est alors qu'il a conçu toutes les thèse principales de son livre.

La naissance et le développement d'un état d'esprit national-socialiste ont été en quelque sorte à retardement. Il est normal qu'en plein désordre général les foules se cherchent, sans se trouver tout de suite. Les coups répétés portés à un organisme vivant le laissent d'abord dans un état d'abrutissement et de lassitude qui ne permet que des réactions isolées et exclut une offensive en quelque sorte systématique. Ce n'est que peu à peu que la foule prend conscience de ce qui lui est arrivé, réfléchit et se crée une doctrine. C'est pendant l'occupation que s'est formé l'état passionnel sans lequel l'idéologie hitlérienne n'aurait pu prendre forme. Cet état passionnel lui-même, nous en avons déjà signalé quelques éléments essentiels. Il n'est pas agréable d'en faire patiemment l'analyse. A cet égard, rien n'est plus instructif que les oeuvres d'imagination quand elles ont été vécues. La lecture de quelques romans dont l' inspiration remonte aux "mauvaises années" est de beaucoup la plus instructive. De même, sur la "mentalité" des jeunes Allemands après la défaite, pendant les troubles des pays baltiques, de Silésie, etc... le document le plus caractéristique restera le roman du jeune Von Salomon: "Die Geächteten" *. La férocité, la rage désespérée de cet effroyable petit révolté sont documentaires, dans le sens le plus complet du mot. Ce héros bandit nous explique admirablement ce que fut un Schlageter, audacieux chef de bande et saboteur qui est devenu un des grands martyrs auquel le national-socialisme a voué un culte.

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L'occupation de la Ruhr

 

 

Version : 09.12.2004 - Contents : Marzina Bernez-Hesnard

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