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Casablanca, 29 Août (1940) *) |
Mon cher Oncle, |
J’espère que cette lettre te parviendra malgré l’adresse fantaisiste que je suis obligé de
mettre. |
Mes parents m’ont écrit que tu te trouvais actuellement près de Draguignan.
C’est pourquoi j’essaie d’entrer en liaison postale avec toi, car tu es le seul membre de la
famille que je sache en France libre. |
Tu dois savoir que je viens de Dakar où je suis arrivé par le
Richelieu le 23 juin et d’où je suis parti le 17 août
sur un paquebot. Peut-être as-tu appris que tous mes camarades et moi, nous avons été promus
enseignes le 27 juillet à dater du 15. |
Actuellement à Casablanca, nous attendons des ordres. Nous en avons
attendu pendant 2 mois à Dakar. Combien de temps resterons-nous ici? Mystère.
Au point de vue santé, tout va pour le mieux. |
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Je n’ai guère qu’à déplorer le manque d’activité qui nous frappe actuellement. Il y a aussi
l’inquiétude. Qu’allons-nous devenir demain? Mais je garde confiance quand même. |
Je sais que tout allait bien à Nantes aux environs du 1er
août. Depuis pas de nouvelles, la correspondance étant arrêtée. |
Tante Maggy et les enfants sont je crois
toujours à Nantes. J’espère qu’ils sont en bonne santé. |
Que deviens-tu? Tu as du subir les horreurs de la retraite.
N’aurais-tu pas fait partie de cette troupe magnifique qui a arrêté les
Allemands sur l’Isère? |
As-tu des nouvelles de Georges? Je
ne sais pas où se trouve son sous-marin. |
A propos de sous-marins, j’ai été embarqué 5 jours sur le
Sidi-Ferruch. J’ai plongé 8 fois. Je suis devenu fana sous-marin.
C’est vraiment un truc épatant. |
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J’espère de tes nouvelles et je t’envoie mes meilleurs baisers, |
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ton neveu Paul |
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Enseigne de vaisseau Bernard Ecole Navale Casablanca
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