Les hauts-lieux de la voile: Le Cap Horn

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Quatre-mâts Cap-Horn
La voile a ses hauts-lieux et à tout seigneur, tout honneur; parlons donc d'abord du Cap Horn.

Le Cap Horn est situé à l'extrême Sud de l'archipel qui termine le continent américain dont il est séparé par le détroit de Magellan, impraticable ou presque pour de grands voiliers.

La latitude du Cap Horn n'est que de 56 degrés Sud, ce qui correspond dans l'hémisphère Nord à EDIMBOURG en ECOSSE. Mais en toutes saisons et a fortiori l'hiver, les mers de l'hémisphère austral sont beaucoup plus sévères que celles du Nord. Beaucoup plus largement ouvertes aux vents, sans protection contre les influences polaires de l'Antarctique, elles ont pour les marins une réputation aussi mauvaise que justifiée.

Pour atteindre le Chili ou le Nord Pacifique en venant d'EUROPE, les voiliers devaient doubler le Cap Horn (le canal de Panama ne sera ouvert qu'en 1914). La tempête continuelle entrainait parfois des retards énormes.

C'est ainsi que vers 1908, le "MAC MAHON" des Voiliers Nantais ne mit pas moins de 211 jours pour faire le trajet SWANSEA / SAN FRANCISCO et que l' "AMIRAL COURBET" accomplissait le même voyage en 197 jours.

C'est là où les qualités du marin et la hardiesse de l'homme pouvaient payer. Avec le trois-mâts carré "VERCINGETORIX", toujours des Voiliers Nantais, le Capitaine Joseph Huet, de ST SULIAC, se présente au Cap Horn à la même époque que l' "AMIRAL COURBET". Il range la terre au plus près et réussit à franchir le Cap alors que les autres voiliers ne peuvent doubler. De CARDIFF à BREMERTON, près de TACOMA (donc beaucoup plus Nord que SAN FRANCISCO ) le "VERCINGETORIX" ne mettra que 147 jours.

Tel père, tel fils, dit-on; HUET, le hardi capitaine cap-hornier mourra en Novembre 1917 avec tout l'équipage du "LONGWY" qu'il commandait et qui fut torpillé.

Son fils trouvera lui aussi la mort dans l'accomplissement de son devoir de marin. Commandant du "CAPITAINE LOUIS-MALBERT", de l' UNION INDUSTRIELLE & MARITIME, il disparaîtra en Décembre 1963 en tentant de sauver son navire abordé dans le Kattegat.

Pendant que le "VERCINGETORIX" passait à raser la terre, le "MAC MAHON" mettait 92 jours pour doubler le Cap Horn - 92 jours à la cape ou à serrer le vent au plus près pour tenter de gagner vers l'Ouest, 92 jours d'efforts et de souffrances pour manoeuvrer la voilure. Pour carguer une voile, il fallait parfois monter dans la mâture des bidons d'eau chaude et aller jusqu'au bout de la vergue afin de dégeler les réas des poulies; faire tout cela avec le roulis exigeait une rare endurance.

Quant au confort après la manoeuvre, comment l'espérer alors que le coffre est plein d'eau, que l'humidité et le froid sont partout et que souvent on ne peut même se changer.

Tous n'étaient pas aussi téméraires que le capitaine du "VERCINGETORIX" ni aussi tenaces que celui du "MAC MAHON". C'est ainsi que le capitaine WARNEC du "LA BRUYERE", parti de SWANSEA pour SAN FRANCISCO, après avoir vainement tenté de gagner au vent pour doubler le Cap Horn, vire tout simplement de bord, met le cul dedans et s'en va doubler Bonne Espérance puis la Tasmanie.

Il n'oublie qu'une chose: faire relâche à HOBART TOWN, en Tasmanie, pour y faire signer son registre de traversée par le Consul de France.

C'est une catastrophe pour les armateurs qui perdent le bénéfice de l' allongement de route pour le paiement de la prime à la navigation instituée par la loi de 1893 et qui se calcule à la distance parcourue. Le trajet SWANSEA / SAN FRANCISCO représente par le Cap Horn 13.526 milles, par Bonne Espérance et HOBART TOWN, 18.341 milles. L'écart de 4.815 milles s'est traduit par une perte d'environ 14.000 francs-or pour l'armateur.

Sauf son oubli, peut-être le capitaine du "LA BRUYERE" avait-il été sage. Tout ne se passe pas toujours bien au Cap Horn.

C'est ainsi que dans une tempête de neige, le trois-mâts "GUERVEUR" de 3.200 tonnes aborde un iceberg plus haut que sa mâture. Les vergues et le mât de perroquet ont d'abord touché la voûte et de la glace, puis le beaupré s'est fiché dans la banquise; le navire a pris une gite sérieuse et se trouve engagé. En hâte, l'équipage sectionnne tous les agrès retenant des débris de mâture pour éviter que les vergues ne viennent trouer la coque ou le pont. La cloison d'abordage a heureusement résisté; après avoir mis de l'ordre sur le pont et la mâture et fait cimenter le peak avant, le Capitaine Jean-Marie CREQUER de L'Ile aux Moines, réussit à se dégager et à poursuivre sa route jusqu'à MONTEVIDEO. Il y répare sa mâture avec le concours de l'équipage et portera à bon port, à LIVERPOOL, sa cargaison de pin rouge d'EUREKA.

 

 

Les hauts-lieux de la voile: Les Mers Australes - La Réunion et l'Ile Maurice

 

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