Voyage en Extrême-Orient (1925)

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Saïgon (1)

Mercredi 5 Août

Hôpital militaire

Ce matin je file à l'Hôpital militaire Lerminier m'offre pour tous les soirs une belle chambre, aux officiers. J'accepte car je dors mal à bord à cause du grincement de la passerelle toute la nuit sur l'appontement. Je me fais conduire ensuite en pousse à l'Institut Pasteur où j'ai plusieurs camarades. Je reviens déjeuner à bord.

Après la sieste, je reçois la visite de Rouvry, venu de Bien-Hoa et de Feret, qui m'invite à aller en voiture à Cholon. Nous partons dans une auto avec sa femme, ses deux petites filles, la petite fille d'un ingénieur et moi. D'entendre gazouiller les fillettes derrière moi cela me rappelle Edith et me fait songer amèrement que le "Ferry" tardant, je ne vais plus avoir de courrier d'ici longtemps!! - Feret me met au courant de la vie à Saïgon. Elle est assez douce mais les enfants y sont d'une pâleur! La clientèle est difficile, car les médecins civils raflent tout et aucun des militaires n'en fait vraiment. Je ne regrette pas que ça ait raté car j'aurais peut-être ici perdu deux ans…

Avec Feret nous sillonnons les rues de Cholon où je me promets de revenir. Nous rentrons par la route de l' Inspection, déserte! Hélas! Où est Claude Fanère! Désillusion… Une de plus.

Jeudi 6 Août

Il commence à faire chaud sur cette rivière. J'ai passé une nuit médecine à l'Hôpital militaire, je rentre en pousse le matin à 7h. Après la visite, je vais me promener rue Catenat. Puis, passant par la salle des Ventes, ouverte, j'entre et achète un beau vase chinois.- L'après-midi j'ai un peu mal au ventre et subis un orage terrible = Je n'ai que le temps de me réfugier à la terrasse du Continental et cela dure de 4h à 7h!! Le soir nous avons des invités: deux commissaires de Saïgon et le Commissaire en chef Ferieux. Le soir nous allons en bande avec Taéra, Delanère, les deux commissaires du côté de la banlieue voir (sans entrer) de misérables cases où habitent des prostituées de tous âges, dont quelques unes paraissent douze ans. C'est sale et lamentable. Notre cavallerie en pousse fait un long circuit dans l'atmosphère tiède. On entend le crapaud-buffle croasser et beugler et des grenouilles en quantité! La nuit est facile et agréable. Je rentre à l'Hôpital militaire où mon mal de ventre reprend et m'empêche de dormir.

Vendredi 7 Août

Je vais mieux mais suis un peu fatigué, étant à la diète. Je passe une partie de la journée couché avec du thé à côté de moi. Il fait une atmosphère accablante. Je commence à désirer voir arriver le "Ferry". Dans les conditions épuisantes où nous sommes, Saïgon n'a pas grand intérêt pour nous. Et nous touchons - à côté des Saïgonnais et des marins à terre - un nombre ridicule de piastres.

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Ce soir, dîner chez le gouverneur en décoration et pantalon doré. Je m'esquiverai à l'anglaise pour aller dormir et me retaper complètement. Le temps passe et je commence à entrevoir le retour auprès des miens.

Samedi 8 Août. Saïgon

Après une excellente nuit à l'Hôpital militaire, je me relève complètement retapé: de 7 1/2 à 9h qq matelots du bateau à la radioscopie à l'Hôpital et je reviens à bord.

Dernier tuyau, très confidentiel de Taéra: Le lieu de rencontre des deux bateaux est Amoy, au nord de Hong-Kong. Mais si le "Michelet" reste réparer ici, l'Amiral partira seul et le "Ferry" rallierait ensuite Saïgon pour son personnel. Attendons. Ce soir, je vais à Cholon avec des amis en auto. Je dine chez les Feret et ceux-ci me proposent d'aller Dimanche à Bien-Hoa voir Rouvry, auquel je vais télégraphier.

Dimanche 9 Août. Saïgon

Nous sommes certainement ici pour quelque temps. Mais encore rien d'officiel. J'ai passé une bonne nuit à l'Hôpital.

Matinée: Je vais à la salle des Ventes et j'achète 2 panneaux à caractères chinois, peints sur verre. au retour je fais un tour par les boutiques chinoises autour de la gare.

Après-midi: Belle promenade en auto avec les Feret à Bien-Hoa. Rouvry nous fait visiter son asile d'aliénés; bien tenu, avec des infirmières qui font la révérence en joignant les mains. Je vois quelques malades, dont petit parkinsonien ?encéphalitique ou infantilisme. Belles cultures autour de l'asile, dont cet excellent Rouvry est très fier.

Retour à la nuit, avec les phares allumés. Beau coucher de soleil en passant sur les rives du Donaï. Les autos se suivent sans interruption près de Saïgon, magnifiques voitures montées par des ??.

Le soir, nous avons les Feret à dîner.- Cela m'a fait grand plaisir de caresser les deux fillettes de Rouvry, qui ont exactement l'âge de mes deux filles. Sa deuxième, très mignonne, me donne une idée de ce que doit être Niquette à l'heure actuelle.

Durant le dîner: Emotion pénible. Un quartier-maître, saoûl, est tombé dans la rivière et a disparu aussitôt, emporté par le courant.

Lundi 10 Août. Saïgon.

Dernières nouvelles: Nous partons (si Paris approuve les propositions de l'Amiral ) le 21 pour aller rejoindre le "Jules Ferry". J'entrevois la fin de cette croisière…!

Pas de nouvelles de France: Mon courrier doit se diriger sur le "Ferry", probablement. Que font Yet et nos deux filles? Quelle tristesse d'être aussi loin et de ne rien savoir!

Ce matin, photographie de l'Amiral et de son état-major, sur la plage arrière. Ce sera un souvenir.

J'ai fait la connaissance du jeune Professeur de philosophie du collège de Saïgon, qui m'a demandé à parcourir mes livres de psychologie.

Après-midi: Je vais en pousse à l'Hôpital Pasteur où je revois mon camarade de promotion Borel. Il m'emmène au Cercle sportif où je lis des revues. Quelques personnes m'intervieuwent sur Freud, car la Psychanalyse est connue à Saïgon. Et ses livres aussi!

Le soir je prends un bock avec le commissaire Schwab au Continental et vais me coucher à l'Hôpital.

Mardi 11 Août. Saïgon

Les jours passent, pas trop longs, assez agréables grâce à la vie hygiénique que je mène et à la bonne chambre que j'ai à l'Hôpital. Je ne souffre pas de la chaleur qui n'est excessive qu'à bord.- Je commence à aimer ces promenades en pousse à la fraîcheur, l'éveil le matin dans le soleil, avec les quantités de bruits qui entourent l'Hôpital: mantes religieuses qui bruissent, grenouilles qui crient de façon aigüe. J'ai vu l'autre jour des margouillets au plafond chez les Feret, ai entendu les crapauds-buffles. Pour la 1ère fois hier soir, rentrant à l'Hôpital par la rue d'Espagne, j'ai entendu un "To-Ké" qui m'a fait sursauter avec sa voix humaine.

Les gens s'agitent toujours à bord: le Ct gueule, le mécanicien veut débarquer. Douval n'a pu encore une fois descendre à terre: Quelle existence que celle de ces pauvres gens!

Rencontré hier rue Catenat une petite fille qui ressemble à Didite et qui m'a pris par la main. Que fait ma fille en ce moment?

Mardi 11 Août. Saïgon

Une partie de la journée a été consacrée au repêchage et à la préparation des obsèques du malheureux quartier-maître tombé à l'eau l'autre jour. On a retrouvé son corps boursouflé et hideux près de l'appontement des Messageries. Je l'ai fait porter à l'Infirmerie du port puis à l'Hôpital. L'après-midi, j'ai la jolie corvée de faire son autopsie. Horreur! Après je rentre à bord: certificats, papiers, coups de téléphone… ouf!

Je rate plusieurs visites intéressantes, entre autres celle de la femme de mon camarade Rousier, médecin du roi à Pnom-Penh, qui est venue à bord voir Neujillet, lequel connait sa famille à Toulon.

Je fuis à 6h en poussant un soupir de soulagement et vais au Cercle sportif. Là je rencontre mon ami Borel avec lequel je vais dîner; il y a quelques Saïgonnais. Il n'est question que de plantations, de guen??, de caoutchouc, de haricots, du prix de l'hectare, des coolies etc… Tout le monde cite des chiffres, parle de bénéfices fabuleux, de 90%, de piastres… C'est une nouvelle folie, le vertige de la piastre. Il n'y a ici que des européens enragés à s'enrichir.

Je reviens vers 11h en quadrilette Peugeot à l'Hôpital, conduit par Borel. Cela me fait plaisir de revoir ce petit véhicule.

Mercredi 12 Août.

Encore des contre-ordres! L'Amiral a reçu la nouvelle qu'à Shangaï les réparations coûteraient les yeux de la tête et qu'il y avait grève. Il en a informé Paris, qui ne se décide toujours pas. Attendrons-nous le "Ferry" ici? Partirons-nous? Mystère.

Ce matin, j'ai été en auto visiter l'Hôpital indigène de Cho Krong.

Batlet
et Pons m'ont montré des quantités de bériberys intéressants.
Hôpital indigène
Visité au retour la maternité indigène dirigée par une ancienne élève de Brindeau.
Maternité indigène

Cette après-midi: obsèques du pauvre quartier-maître. C'est pénible. Le cimetière est loin. Le Ct éprouve le besoin de faire un discours très déplacé, où il engueule le mort pour son imprudence!

Retour par le Continental, en pousse. Après dîner, nous allons avec de Courney, Lafeuille et le Ct faire une petite fête dans la maison mise à la disposition de ce dernier par un ami qui est au Cap. Nous fumons quelques pipes, ce qui ne m'était pas arrivé depuis Toulon 1914!! Où est ma folle jeunesse! Et que je suis changé! Ma pensée est actuellement occupée exclusivement par mes trois chéries et rien d'autre ne m'intéresse plus.

Jeudi 13 Août.

J'ai parfaitement dormi sur la natte après nos 3 pipes (ce qui est très raisonnable) et ce matin nous repartons à bord dans le matin frais. Nos pousses trottent allégrement.

A notre arrivée à bord, nous apprenons que Paris nous a donné l'ordre d'aller le 21-22 à Haïphong: C'est là que nous rencontrerons le "Ferry". Enfin! On sait quelque chose de sûr et on peut faire des projets.

Le Ct Neujillet vient de me lire les notes qu'il m'a donnés: C'est un éloge formidable de toutes mes qualités! Si après ça, je n'arrive pas Médecin général sans tarder, c'est qu'il n'y a plus de bon Dieu!

Aujourd'hui, charbon. Les Annamites encombrent le bord, y compris des fillettes (ou des femmes infantiles) qui gazouillent et rient en se passant courageusement les briquettes.

Ce soir je dîne chez un architecte de Saïgon, ami du Dr Borel. Demain, départ de bonne heure pour une excursion en auto.

Vendredi 14 Août. Saïgon

Promenade aux chutes de Trion. Départ à 6h du matin avec Aubin, Féral, Guimard et 9 midships en auto du gouvernement. Beau voyage à travers la campagne annamite - rizières, plantations de caoutchouc, villages indigènes, ponts sur les arroyos, buffles aux cornes immenses vautrés dans des flaques de boue - par Tudumot, Bien-Hoa etc… Arrivée à 9 1/2 à Trion, plate-forme où l'on aperçoit d'un coup d'oeil l'ensemble de deux coudes du Donaï, bouillonnant d'écume en rebondissant sur des rochers. Nous nous promenons le long du fleuve, à la lisière de la grande forêt, où l'on rencontre parfois des panthères et des tigres.

Déjeuner dans le bungalow avec des victuailles apportées du bord, arrosé de Sauternes. Sieste dans les petites chambres du bungalow sur des matelas de toile cirée et des oreillers annamites en cuir, en forme de sablier. Il fait une telle chaleur que je ne puis fermer l'oeil. Je m'ennuierais cependant beaucoup sans une névralgie de l'épaule droite qui retient ma respiration et que j'ai chipée hier soir chez des Saïgonnais à dîner, sous un ventilateur puissant qui balayait de l'air frais après l'orage.

Retour agrèable après la pluie. Nous prenons un bock à Bien-Hoa, dans une espèce de café-guiguette français sur les bords du Donaï.

A mon arrivée à bord, j'apprends que l'Amiral est malade: Il a des selles sanguinolantes et est affolé. Je le soigne.

Je vais un peu me promener le soir avec Douval et avec Sourges, directeur de l' "Impartial", qui m'a l'air d'être complètement abruti et rêve tout éveillé chez lui en prenant le digestif. Je rentre coucher à bord et m'endors après m'être bouché les oreilles avec des morceaux de toile pour ne pas entendre l'horrible grincement de la passerelle.

Samedi 15 Août. Saïgon

L'Amiral va un peu mieux. Je vais dans son auto examiner ses selles à l'Institut Pasteur et reviens lui donner le résultat: très favorable. Je lui injecte par prudence de l'Emétine. Je prends au Continental l'apéritif avec un vieux copain du P.G.N. à Angers, Dufossé, médecin de colonisation (Hôpital Droubet à Cholon) que j'ai rencontré avec des amis à l'Hôpital Grall hier soir.

Après-midi: je rôde autour des boutiques chinoises de l'ancien marché, près de la gare. Puis je vais prendre un bock au Continental durant l'orage et je rentre avec le jeune d'Estienne, midship ancien x par le jardin zoologique au soleil couchant. Nous préparons le soir l'excursion au Cap St Jacques.

Au dîner, des invités: le Ct de la Marine, Capitaine de Vaisseau Douguel, sa femme et son fils, l'ingénieur et Mme Warnod. Douval drôle comme toujours, mais se repète un peu.

Dimanche 16 Août. Saïgon (Excursion au Cap St Jacques)

Départ à 5h30 dans les autos confortables du gouvernement.

Carte du circuit du voyage au Cap St Jacques
Aller sur un grand circuit par Luan-Loc et la forêt. Véritable forêt vierge, pleine de lianes inextricables, d'où sortent de temps à autres des poules de bois. L'une vient s'abattre contre le pare-brise.

On longe les fameuses plantations de caoutchouc de Siyannah, dont Borel est le médecin et dont les revenus tournent la tête à tous les Saïgonnais.

Arrivée au Cap vers 10h, petite promenade. Déjeuner à l'hôtel en musique: une bastringue de fox-trott. Salle pleine de "baigneurs". Femmes très laides et très communes, prétentieuses: Un milieu bien français! Tout est d'ailleurs fort cher, mais payé par la gamelle.- Après déjeuner, sieste alourdie sur la plage, à l'ombre dérisoire d'un arekier. Puis retour par Bien-Hoa et Thuduc, délicieux, à la fraîcheur. On prend un bock au retour à Bien-Hoa, au café du Donaï.

Excellente journée, comme toutes celles que nous passons loin du bord. Mais à 7h il faut rentrer dans nos chambres chaudes et étouffantes.

Lundi 17 Août. Saïgon

Après une bonne nuit à l'Hôpital militaire, je soigne l'Amiral puis vais m'occuper d'une semelle pour le pied de Neujillet chez le cordonnier chinois. (Quel métier!). J'achète au marché chinois une grosse boîte à bétel laquée rouge pour servir à Yet de boîte à ouvrage, et deux paniers ronds indigènes qui serviront de corbeilles à pain.-

A midi, j'ai deux invités à bord: Dufossé et Borel.

L'après-midi est longue. J'ai un peu le cafard. Je trouve que le séjour ici se prolonge… Je sors et flâne dans les rues; je vois mon bouquin "Les Psychoses" à la devanture d'un libraire que je nargue en lui disant que je suis l'auteur: Il me propose aussitôt d'acheter des romans, supposant que je gagne des milliers de piastres par mois! Hélas!

Je rencontre Douval, qui m'entraine en pousse chez Sourges où il grille quelques pipes. Sourges, ancien officier, rédacteur en chef de l'"Impartial" est abruti et malade (Il ne s'en aperçoit pas). Cette vie saïgonnaise n'est décidément pas séduisante.

Nous rentrons à bord à 8h dîner en pousse; il fait bon, les crapauds chantent. Après dîner, petit tour à pied avec Douval jusqu'à l'Hôpital.

Mardi 18 Août. Saïgon

En rentrant à bord, j'apprends la mort d'un de mes malades, pauvre petit timonier, mort de méningite tuberculeuse précipitée par la chaleur. Décidement, il y a du déchet à bord de ce malheureux bateau.- L'Amiral va mieux, mais il a eu la frousse.

Après midi: Grand bal à bord du bateau. Plage arrière garnie de pavillons multicolores, corridor de pavillons découpés aux carrés. Buffets aux deux carrés. Musique de l' Amiral sur le pont, jazz band en bas.

Pas mal de jolies petites femmes, en particulier Mme Courthiel, femme de l'ingénieur à 4 galons, très sympathique, Mme Warnod, femme de l'autre ingénieur, qui fait sa foire et parait très excitée (sa soeur a été soignée chez Artheaume), etc. Les midships ont eu le culot d'inviter une petite dactylo de l'arsenal, à la figure assez vulgaire mais bien faite et se tortillant à souhait. Tout ça se trémousse et sirote du champagne.

A 8h Dufossé vient me chercher dans sa somptueuse Dodge avec un couple d'amis venant de la brousse, et sa maîtresse, métisse d'annamite avec laquelle il vit à Cholon, assez distinguée et assez câline auprès des hommes. Quel amusement de retrouver ce colonial endurci, ancien élève des bons pères d'Angers! Nous allons dîner chez lui à Cholon. Maison somptueuse, pleine de bibelots dont une magnifique collection de bronzes laotiens.

Dîner excellent, arrosé d'Anjou et des vins des Hospices de Beaune. Nous évoquons de vieux souvenirs de jeunesse et de notre P.C.N. commun à Angers et il m'exhibe de vieilles photos où je figure - détail depuis longtemps oublié - avec une jaquette et un haut-de-forme!

Retour en choeur vers minuit au Continental où nous prenons un bock. Il vient ensuite me raccompagner à l'Hôpital, où je dors assez mal à cause des vins et des plats nombreux du dîner.

Mercredi 19 Août. Saïgon

Notre séjour ici touche à sa fin. Ce soir je dîne chez les Courthiel et demain chez les Warnod.

 

 

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Version : 01.04.2005 - Contents : Martine Bernard-Hesnard

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